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membre du conseil qui l’eut suivi était l’un de mes porteurs ; et Hamed ne se souciait pas de confier la direction de la caravane à un simple pagazi.

La troisième route, qui passe au nord, traverse pendant les deux premières heures, un grand nombre de villages, ensuite une jungle ; et après trois heures de marche elle arrive à Simbo, où l’on trouve de l’eau, mais pas de bourgade. Le lendemain, une étape de six heures vous conduit au bord d’un étang. Après une brève halte, la route est reprise, et une nouvelle marche de cinq heures vous mène à un khambi, situé à moins de trois heures d’un lieu habité. Ce chemin étant connu de nos deux cheiks et de nos guides, Hamed pria Thani de m’informer que c’était à cette dernière route qu’il donnait la préférence. Je répondis qu’ayant accompagné les Arabes depuis le Mpouapoua, j’étais disposé à les suivre, et que s’ils choisissaient la route de Simbo, je la prendrais avec eux.

La question décidée, non sans beaucoup de paroles, je me mis à relever différents points. On se rappelle, qu’à partir de Mizanza, nous avions marché directement à l’ouest pendant trois heures ; ensuite, pendant quatre heures et quart au nord-ouest, en rasant le pied d’une chaîne qui s’étend dans cette direction, depuis le voisinage de Kanyényi, jusqu’aux frontières de l’Ouhoumba, et qui sépare l’Ougogo du territoire des Vouahyanzi. Moukondokou n’est qu’à deux milles de cette chaîne du côté de l’est. Kiouhyeh se trouve au sud-sud-ouest de Moukondokou, d’où il y a sept jours de marche pour gagner Kousouri. Simbo est au nord-nord-ouest, et à six étapes de ce dernier endroit. Il était donc évident que le chemin le plus court était celui de Kiti, auquel on n’avait à reprocher que l’ignorance de nos guides à son égard.

La route du sud, rejetée par Hamed, l’est également par tous les chefs de caravane, qui préfèrent les fatigues et les privations d’une longue marche, en pays désert, aux exigences du chef de Kiouhyeh. Mais les pagazis, qui n’ont d’autre obligation que de porter leur charge, et auxquels le tribut est indifférent, préfèrent de beaucoup la rançon du maître aux fatigues et à la soif qu’imposent les tirikézas ; d’où il résulte, qu’en dépit de la volonté des chefs, la route de Kiouhyeh est plus fréquentée que les autres.

À peine la décision du conseil fut-elle connue des gens de nos caravanes, que les clameurs s’élevèrent contre la route de Simbo, où, sur une grande étendue, manquaient l’eau et les vivres. Ce fut à qui raconterait les horreurs du désert, en les exagérant ; bref