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qui nous accompagnaient ; il n’en fut pas moins inflexible à l’égard du chef de cette bande productive ; et le pauvre Hamed paya les neuf dotis pour ravoir ses deux ânes.

Sortis des champs de maïs de Pembira, nous nous trouvâmes dans une grande plaine, aussi unie que la surface d’un lac paisible et qui fournit du sel aux Youagogo. Cette immense saline, qui s’étend de Kanyényi, sur la route du sud, jusqu’au delà des frontières de l’Ouhoumba et de l’Oubanarama, contient de nombreux étangs, remplis d’une eau amère, dont les bords peu élevés sont revêtus d’une efflorescence nitreuse. Deux jours après, étant arrivé sur la crête qui sépare l’Ougogo de l’Ouyanzi, j’embrassai du regard cette vaste plaine d’une étendue de plus de cent milles carrés. Il est possible que ce fût une illusion ; mais je crus voir de larges nappes d’eau, d’un bleu grisâtre, qui me firent présumer que cette plaine n’était qu’une portion d’un ancien lac salé. Les Vouahoumba, qu’on trouve en grand nombre depuis Nyamboua jusqu’à l’Ouyanzi, ont dit à mes hommes qu’il y avait au nord un Madji Kouba c’est-à-dire une grande eau.

Mizanza, où notre camp fut établi, est situé dans un bois de palmiers, à peu près à treize milles de Nyamboua. Dès que ma tente fut dressée, je m’ensevelis sous mes couvertures, repris que j’étais de la fièvre, qui me revenait périodiquement depuis la traversée du Marenga Mkhali. Certain qu’un jour de halte, en me permettant de prendre ma quinine d’une façon régulière, suffirait à me guérir, je priai le bon Thani de demander à Hamed de ne pas voyager le lendemain, afin que je pusse me délivrer de ces accès violents, qui m’avaient réduit à l’état de squelette, et qui m’enlevaient toutes mes forces.

Dans son désir de gagner l’Ounyanyembé avant les autres, afin d’y placer son étoffe plus avantageusement, le petit cheik répondit qu’il ne pouvait pas s’arrêter pour le Mousoungou. Lorsque Thani m’eut rapporté ces paroles, je fis dire à Hamed que le Mousoungou n’entendait nullement l’arrêter dans sa marche, qu’il avait assez d’hommes et de fusils pour achever seul la traversée de l’Ougogo, et qu’il espérait que le cheik Hamed ne l’attendrait pas.

J’ignore par quel motif le petit Arabe changea de résolution ; mais sa trompe ne donna pas le signal du départ, et le lendemain il campait avec nous.

Je commençai au point du jour à prendre ma quinine ; à six heures, une seconde dose ; puis une troisième. Bref, avant midi