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ALCÉE.

Sapho, ton génie t’élève au-dessus du sort ; mais je redoute en toi les sentimens qui peuvent troubler les lumières de ta raison.

SAPHO.

Ces sentimens ne consument que la vie ; mais ce que j’ai reçu d’Apollon, l’étincelle dont il a pénétré mon âme ne peut s’éteindre, tant que mes vers subsisteront.

ALCÉE.

Ah ! si, dégagée des passions terrestres, tu veux enfin te vouer à ce dieu dont tu reçus tant de bienfaits, les secrets mêmes de l’univers peuvent un jour t’être révélés.

SAPHO.

Le secret de l’univers, Alcée ! c’est l’amour et la mort. Crois-tu que je ne connoisse pas l’un et l’autre ?

ALCÉE.

Nous nous retrouverons, Sapho, dans ces Champs-Élysiens, dans ce séjour des ombres, où ton maître, Apollon, ne conduit jamais son char ; et peut-être alors ne dédaigneras-tu pas l’hommage que je t’ai vainement offert.

SAPHO.

Alcée, je suis touchée de ta noble amitié : je