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ALCÉE.

Sapho, votre calme m’inquiète ! je craindrois moins, si vous étiez plus agitée.

SAPHO.

Il y a toujours du calme quand il n’y a plus d’espoir.

ALCÉE.

Il vous reste un avenir si brillant et si beau !

SAPHO.

L’avenir de l’homme sur la terre est quelquefois un an, un jour, une heure ; mais la gloire seule nous affranchit du temps.

ALCÉE.

Sapho, c’est moi qui dois allumer sur l’autel le flambeau de l’hymen entre Cléone et Phaon ; ainsi vous l’avez ordonné : mais ma main tremblera, quand je formerai ces indissolubles nœuds.

SAPHO.

Alcée, quel est le cœur qui ne tremble pas, dès qu’il s’agit de l’irrévocable ? Le mariage, la mort, causent de la terreur à nos âmes, plus mobiles encore que notre destinée. Mais ne faut-il pas que tout se fixe à la fin sur la terre ? et les flambeaux n’éclairent-ils pas la pompe nuptiale, comme ils allument la flamme du bûcher ?