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PHAON.

Ah ciel !

SAPHO.

Oui, tu es bien heureux ; le plus heureux des hommes. Allons préparer la fête qui couronnera ce grand jour. Toi, Diotime, préviens Alcée que je veux l’entretenir en secret quelques instans. Les époux doivent être unis à l’heure où le soleil descend dans les ondes ; la mer est alors si calme et si belle ! et je veux chanter ses merveilles en l’honneur de Thétis, sur le sommet de ce rocher. Phaon, c’est moi qui me chargerai de célébrer ton hymen ; le permets-tu ? mes vœux seront dignes de toi.

PHAON.

Ah Sapho ! ton courage m’épouvante. Est-ce à moi d’accepter ?…

SAPHO.

C’est à toi d’obéir. Adieu. Je, vais réfléchir quelque temps sur la fin du jour. Pourquoi tous les hommes ne regardent-ils pas chacun de ces jours comme l’image de la vie ? ils ne laisseroient point s’éteindre ainsi, comme une flamme agitée par le vent, le temps qui leur est donné sur la terre.