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Scène IV.


DIOTIME, CLÉONE, SAPHO.
CLÉONE.

Sapho, j’entends vos cris ; Sapho, je me prosterne à vos pieds.

SAPHO.

Retirez-vous, Cléone ; retirez-vous : je vous aimois.

CLÉONE.

Ah ! je n’ai point méconnu ce bonheur et cette gloire ; j’en atteste ma mère, serment aussi sacré que celui par lequel on prend les dieux à témoin : je ne vous ai point offensée. Ni mes paroles, ni mes regards n’ont attiré le cœur de Phaon ;

SAPHO.

Si tu n’as rien fait pour lui plaire, il en est mille fois plus coupable. Malheureuse ! il faut que j’accuse ou mon amant, ou l’amie que je chérissois comme ma fille ; ou plutôt il faut arracher ma tendresse à tous les deux. Oh ! comme déjà mon cœur est libre de la vie ! comme tous les liens se brisent ! ô mort ! tu n’as déjà plus rien à prendre ; le malheur qui