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faut se laisser consumer par le poison de la mélancolie.

CLÉONE.

Ah ! ma mère, ne m’éloignez pas de Sapho ! jamais je ne puis la quitter. Je le veux, je le dois. Vous ne savez pas…

DIOTIME.

Que dis-tu ?

CLÉONE, à part

Ciel ! j’allois me trahir, (haut.) Ah ! ma mère, si vous me commandiez de ne plus être auprès de Sapho, vous me déchireriez le cœur. Vous craignez pour moi l’impression de sa tristesse ; ah ! si je dois vivre, ne faut-il pas apprendre à souffrir ? ne faut-il pas surtout apprendre à consoler ceux qu’on aime ?

DIOTIME.

Mon enfant, à ton âge, il n’est pas encore temps de connoître la douleur.

CLÉONE.

Hélas ! ma mère, je pourrois déjà connoître le repentir ! Comment donc ne suis-je pas encore dans l’âge de faire du bien ?