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CLÉONE.

Quelquefois elle parle de repos ; mais il semble toujours que ce soit le repos des morts qu’elle contemple. D’autres fois, elle attend Phaon ; elle assure qu’il reviendra : la moindre barque qui sillonne les flots lui paroît annoncer son retour, et sa joie, dans de tels momens, fait plus de mal encore que n’en causoit sa douleur.

ALCÉE.

Et ne demande-t-elle pas quelquefois sa lyre ? ne sent-elle pas quelquefois le besoin de relever son âme accablée, par ces divins accords qui sembloient descendre du ciel, et qui nous y reportoient avec elle ?

CLÉONE.

Sa lyre est entourée de cyprès ; elle l’a déposée sur un tombeau ; et l’on diroit qu’elle prépare déjà le monument que la postérité doit élever à sa mémoire. Ah ! quel spectacle déchirant qu’un si beau génie abaissé par le malheur !

DIOTIME.

Chère Cléone ! je voudrois t’éloigner de cet objet de douleur ; ce n’est pas à ton âge qu’il