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CLÉONE.

On diroit qu’elle le fuit, parce qu’il lui rappelle sa gloire passée. Trois, fois je l’ai vue près de ces lieux, et trois fois elle s’en est éloignée avec effroi, comme si les rayons du dieu dont elle a desservi les autels étoient pour elle un reproche.

ALCÉE.

Ah ! sans doute, ils l’accusent. Sapho devoit-elle donner son cœur à un homme indigne de l’admirer ?

CLÉONE.

Ils s’aimoient ; pouvoient-ils ne pas s’entendre ? Sapho daigne bien me parler

ALCÉE.

Phaon aimoit Sapho, et il l’a cruellement abandonnée !

DIOTIME.

On dit qu’à la fête de Mytilène, où tu étois, Cléone, une jeune beauté frappa les regards de Phaon, et que, depuis ce temps, il résolut de s’éloigner de Sapho.

CLÉONE.

Ah ! que cette jeune fille est à plaindre d’avoir causé le malheur de Sapho !