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ALCÉE.

Sa célébrité l’avoit attiré ; mais, pouvoit-il exister aucune sympathie durable entre elle et lui ? Oui, j’ose le dire ; oui, seul, je savois entendre Sapho ; seul, je pouvois goûter tous les charmes de ce langage enchanteur qui semble planer sur la vie, et qui nous en révèle les plaisirs et les peines, comme si les dieux mêmes confioient à l’homme les secrets de la terre. Elle s’est abaissée ; le sort l’en a punie.

DIOTIME.

Ah ! Phaon avoit tant de charmes, qu’il sembloit le modèle des héros que chante la poésie. Et, d’ailleurs, qui peut expliquer les mystères de l’imagination ?

ALCÉE.

Cette imagination bizarre qui cherche le malheur, doit aisément le rencontrer, et les dieux sont justes envers Sapho, en lui ravissant les talens célestes dont elle n’a pas su faire usage.

DIOTIME.

Les dieux sont moins sévères que vous ; un oracle prédit à Sapho qu’elle trouvera le repos sur le rivage de Leucade, auprès du temple