Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rend pas sa parole, jamais il ne la redemandera.

FRÉDÉRIC.

Et comment espérer que ce M. d’Erville ?…

SOPHIE.

J’ai essayé de lui déplaire, et j’y ai déjà, grâce au ciel ! parfaitement réussi ; car il ne s’agit pour cela que de lui ôter une occasion quelconque de briller. Mais comme il ne m’épouse pas parce qu’il m’aime, je ne gagne rien à me rendre désagréable à ses yeux.

FRÉDÉRIC.

Qu’espérez-vous donc ?

SOPHIE.

Lui tendre un bon petit piège dans lequel il tombera.

FRÉDÉRIC.

Que dites-vous, chère Sophie ! attraper un François ! cela est-il jamais arrivé à un Allemand ?

SOPHIE.

Rarement, j’en conviens ; mais M. d’Erville est si occupé de lui-même, qu’il n’observe rien avec finesse. La vanité offre beaucoup de prise ; et M. d’Erville en a tant,