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M. DE KRIEGSCHENMAHL.

Ah ! madame, que faut-il faire pour ne pas me séparer d’eux ?

LA SIGNORA FANTASTICI.

Écoutez. Je suis bonne personne : je n’aime à faire de la peine à qui que ce soit ; mais je veux qu’on respecte en moi les droits de la poésie. Plus de prose, monsieur, plus de prose dans cette maison.

M. DE KRIEGSCHENMAHL.

Quoi ! madame, je ne pourrai pas commander mon dîner en prose, à madame de Kriegschenmahl ?

LA SIGNORA FANTASTICI.

La poésie ne consiste pas dans les vers, mais dans l’amour des beaux-arts, dans l’enthousiasme et l’imagination qui élèvent l’âme et l’esprit. Elle proscrit tous les sentimens étroits, vulgaires, illibéraux, sous le poids desquels vous avez passé votre vie. Écoutez-moi : je veux donner une fête à une personne charmante que la maladie retient chez elle, et qui supporte ses souffrances avec un admirable courage : voilà de la poésie, par exemple, de la vraie poésie. Voulez-vous prendre un rôle