une jambe de bois ! Que t’est-il donc arrivé, mon pauvre Sabord ?
Comment, ce qu’il m’est arrivé ! Vous plaisantez, monsieur ; vous le savez aussi-bien que moi : il y a six ans que j’ai eu la jambe fracassée par une balle, au combat du Pic de Ténériffe. J’étois à côté de vous. Ah ! je vois bien que vous faites semblant d’oublier : c’est vraiment trop modeste.
Et que s’est-il passé dans ce combat ?
C’étoit le 15 avril 1812.
Le 15 avril 1812 ! mais es-tu fou ? J’ai célébré hier le jour des Rois de 1811 ; je me rappelle même que nous avons bu à la santé de la nouvelle année.
Oui, vous avez bu, j’en conviens ; mais à la santé de l’année 1817. Hélas ! je voudrais bien y être en janvier 1811 ; j’avois alors mes deux jambes ; j’étois leste, morbleu ! vous vous en souvenez, je n’entrois jamais dans une