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ACTE II, SCÈNE II.

ÉLISÉE.

Le terme de ses jours n’est pas encore atteint, ses yeux se rouvrent ; prête-lui ton bras pour se relever.

LA SUNAMITE.

Qui me soutient ? est-ce ma fille ? Non ; où suis-je ? d’où vient le rêve affreux qui m’a poursuivie ? La fatigue et la chaleur du jour m’auront assoupie au pied de cet arbre, et pendant mon sommeil,… mon père, le croiras-tu ? il me sembloit que tu me disois que Semida n’étoit plus. Le prophète qui a prié pour sa naissance m’annonceroit sa mort ! Non, c’est impossible ; nul homme n’auroit le courage d’affronter la douleur d’une mère ; et toi, mon père, toi qui as tant soulagé de souffrances, tu m’aurois secourue, tu aurois sauvé ma fille ; tu sais bien, toi qui lis au fond des cœurs, tu sais si le mien est fait pour survivre à ce qu’il aime.

ÉLISÉE.

Guehazi, reconduis la Sunamite dans sa maison, soutiens ses pas chancelans, et redonne-lui quelque espérance.