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ACTE II, SCÈNE II.

maternel étoit un piége funeste que le ciel même tendoit à mon malheureux cœur !

ÉLISÉE.

Prends garde, ô femme ! prends garde ; l’esprit de rebellion est prêt à s’emparer de toi.

LA SUNAMITE.

Et qu’ai-je à craindre encore, si je perds mon enfant ? de quel supplice plus horrible l’Éternel lui-même pourroit-il me menacer ? Ah ! chaque instant qui s’écoule est mortel pour Semida ! Pars, au nom de la pitié que l’homme doit à la misère de l’homme, pars.

ÉLISÉE.

Je ne puis. Un ordre suprême me défend de te suivre.

LA SUNAMITE.

Eh bien ! il te reste du moins un pouvoir. Précipite-moi dans la tombe où nos pères m’attendent : périsse le jour où je naquis ! qu’il soit un jour de deuil ; que les cieux lui refusent la lumière, et que les ténèbres éternelles s’en emparent ! Pourquoi la miséricorde du Très-Haut ne m’a-t-elle pas repoussée des portes de la vie ? ai-je demandé de naître pour recevoir le jour à ce prix ? Ah ! cette terre n’est qu’une vallée