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LA SUNAMITE.

fois, aujourd’hui même, son cœur a repoussé cette fête qu’un acharnement fatal me faisoit vouloir. C’étoit à toi qu’elle pensoit, mon père ; c’étoit à toi que son cœur avoit besoin de s’ouvrir. Guehazi en est témoin ; qu’il le dise : ma fille prenoit-elle aucune part aux vains plaisirs que je préparois pour elle ? ne s’y refusoit-elle pas, autant que le permettait sa soumission angélique ?

GUEHAZI.

Oui, je l’atteste.

ÉLISÉE.

N’importe. Le Dieu de Moïse n’a-t-il pas dit que les fautes des pères seroient punies sur les enfans ? n’est-ce pas sur le mont Sinaï, au milieu des éclairs et de la foudre, que cette vérité terrible fut proclamée ?

LA SUNAMITE.

Non, ce n’étoit pas assez de la foudre pour accompagner une si redoutable menace ; il falloit frapper de stérilité le sein des mères. Dieu ! Je pourrois être la cause de la mort de mon enfant ! Élisée, devois-tu donc implorer le Dieu d’Abraham pour que je donnasse la vie à Semida ! Que ne me disois-tu que l’amour