Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
LA SUNAMITE.

ÉLISÉE.

Il falloit les lui consacrer.

LA SUNAMITE.

Eh bien ! si j’ai été coupable, je me bannirai de ma maison ; j’irai vivre dans l’obscure cabane de mon père : il ne me restoit point d’autre bien, quand tu m’as donné cette fortune dangereuse qui a excité mon ambition pour ma fille. Je ne l’instruirai plus, je ne serai plus avec elle ; seulement, quand les jours de fête elle ira porter au temple les prémices des fleurs et des fruits, je la regarderai passer, et je la bénirai dans mon cœur : la bénédiction de sa mère ne sauroit lui faire de mal, — Va, saint homme ; va près d’elle ! je ne suivrai point tes pas : je vais rester seule ici dans les montagnes. Si je souffre, je croirai que mes maux sont acceptés par l’Éternel à la place de ceux de Semida. J’errerai de loin autour de sa maison, et quand elle sera guérie, mon père, tu feras partir dans les airs une colombe, pour m’en donner le signal : je la verrai, cette colombe de paix ; je saurai que les jours de ma fille sont assurés, et je me prosternerai pleine de joie devant l’Éternel et devant toi.