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LA SUNAMITE.

Je crois que jamais Semida n’a mieux joué que ce soir. Quels sons enchanteurs !

LA SUNAMITE.

Qu’il est touchant, l’air qu’elle a fait entendre ! Comme ses yeux parloient ! comme son âme s’y faisait voir !

SEMIDA, se levant.

Ma mère, es-tu contente ?

LA SUNAMITE.

Oh ! mon enfant, comment te le dire assez !

SEMIDA.

Jamais la musique ne m’a tant émue qu’aujourd’hui ; j’étois prête à pleurer en jouant ; il me sembloit que je voyois au-dessus de ma tête des anges qui m’appeloient pour m’unir à leurs concerts. Je résistois à leur voix si douce, ma mère, car je ne voulois pas te quitter. Mais je ne sais quel attrait mystérieux m’enlevoit à la terre. J’ai bien fait de finir ; je commençois à me troubler.

LA SŒUR.

N’est-elle pas trop fatiguée pour danser ?

LA SUNAMITE.

Oh ! non ; elle danse si bien. N’est-il pas vrai,