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LA SUNAMITE.

SEMIDA.

Oui, ma mère, sans doute : n’est-ce pas toi qui as tout ordonné ! Mais j’aime mieux nos jours de retraite avec toi, avec ta sœur ; mon âme est plus à l’aise ; toujours la foule m’oppresse.

LA SUNAMITE.

Quoi donc ! alors même qu’elle te loue avec transport ?

SEMIDA.

Ma mère, je me sens plus de joie quand tu me dis seulement : Ma fille, c’est bien.

LA SUNAMITE.

Mille voix dans Israël seront un jour l’écho de ce simple mot : C’est bien.

SEMIDA.

Ne m’a-t-on pas dit que l’envie succède souvent à la louange ? et si l’on me haïssoit une fois, ma mère, cela m’affligeroit bien plus que jamais les fêtes ne m’ont réjouie.

LA SUNAMITE.

Te haïr ! Que dis-tu, Semida ? Va, ce seroit blasphémer la plus touchante image de la bonté céleste.