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croissaient toutes sortes de broussailles et où des milliers d’insectes et de lézards avaient élu domicile. Toute l’installation plut beaucoup à Heidi, et le jour suivant, lorsque Pierre arriva pour voir comment allaient les choses dans la nouvelle demeure, elle s’était déjà si bien familiarisée avec tous les coins et recoins, qu’elle s’y reconnaissait sans peine et put tout de suite le conduire partout ; elle ne lui laissa aucun repos jusqu’à ce qu’il eût examiné à fond toutes les choses remarquables que contenait la nouvelle habitation.

Heidi dormait très bien dans son coin de poële ; mais le matin, elle croyait toujours se réveiller sur l’alpe et il lui semblait qu’elle devait vite se lever pour aller ouvrir la porte du chalet et voir si c’était la neige épaisse pesant sur les longues branches des sapins qui les avait rendus muets ; elle ne se rappelait où elle était qu’après avoir longtemps promené ses regards tout autour d’elle, et chaque fois elle sentait quelque chose lui serrer le cœur à la pensée de n’être plus sur l’alpe. Mais dès qu’elle entendait le grand-père parler à Brunette et à Blanchette, et le joyeux bêlement des chèvres qui sem-