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clusion qu’il venait de communiquer à la grand’maman et qu’il lui expliqua ensuite en détail. Dès qu’il eut achevé, Mme Sesemann prit la parole avec la plus grande vivacité :

— Non, non, mon cher grand-père, nous ne punirons pas davantage ce pauvre garçon. Il faut être juste. Voilà des étrangers qui tombent un beau jour sur l’alpe, qui le privent pendant des semaines de Heidi, son plus grand bien, un précieux bien, en vérité ; et lui, resté seul, n’a que la vue de ce qui se passe jour après jour. Non, non, soyons justes, je vous dis. La colère l’a saisi et l’a entraîné à une vengeance, un peu absurde, il est vrai, mais la colère ne nous ôte-t-elle pas toujours la raison ?

En disant ces mots, la grand’maman retourna auprès de Pierre toujours immobile et frissonnant de terreur. Elle s’assit sur le banc au pied des sapins et lui parla d’un ton amical :

— Allons, mon garçon, viens ici devant moi, j’ai quelque chose à te dire. Cesse de trembler et d’avoir peur, et écoute-moi, je le veux absolument. Tu as précipité le fauteuil en bas de la montagne pour qu’il fût mis en pièces. C’était une mauvaise action,