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un léger murmure, les moucherons bourdonnaient au soleil et de temps en temps un gai petit oiseau sifflait du haut d’un mélèze solitaire. Mr Sesemann fit halte un moment pour laisser la brise des Alpes rafraîchir son front brûlant. Soudain il aperçut un personnage qui arrivait en courant du sommet de la montagne. C’était Pierre, sa dépêche à la main. Il descendait tout droit devant lui, en dehors du sentier battu. Dès qu’il fut à portée de la voix, Mr Sesemann lui cria d’approcher. Pierre obéit à l’appel et s’avança, tout effarouché, hésitant, la démarche chancelante, traînant une jambe derrière lui comme s’il n’en avait qu’une bonne.

— Allons, mon garçon, arrive donc ! lui cria Mr Sesemann d’un ton encourageant. Maintenant dis-moi un peu, est-ce que par ce chemin j’arriverai au chalet où demeure le Vieux avec la petite Heidi chez qui sont dans ce moment les gens de Francfort ?

Pour toute réponse, Pierre fit entendre un son étouffé que lui arrachait un indescriptible effroi ; puis il se reprit à courir avec des enjambées si démesurées qu’il dégringola le long de la montagne en exécutant une série de culbutes involontaires, exactement comme