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ÉTHIQUE

DÉMONSTRATION

En tant que l’Âme conçoit l’existence présente de son Corps, elle conçoit la durée qui peut se déterminer par le temps, et en ce sens seulement elle a le pouvoir de concevoir les choses avec une relation au temps (Prop. 21 ci-dessus et Prop. 26, p. II). Or l’éternité ne peut s’expliquer par la durée (Déf. 8, p. I, et son explication). Donc l’Âme n’a pas, en ce sens, le pouvoir de concevoir les choses comme ayant une sorte d’éternité ; mais, puisqu’il est de la nature de la Raison de concevoir les choses avec une sorte d’éternité (Coroll. 2 de la Prop. 44, p. II) et qu’il appartient à la nature de l’Âme de concevoir l’essence du Corps avec une sorte d’éternité (Prop. 23) ; n’y ayant en dehors de ces deux [manières de concevoir les corps] rien qui appartienne à l’essence de l’Âme (Prop. 13, p. II), cette puissance de concevoir les choses avec une sorte d’éternité n’appartient donc à l’Âme qu’en tant qu’elle conçoit l’essence du Corps avec une sorte d’éternité. C. Q. F. D.