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ÉTHIQUE

donner et enchaîner entre elles ses affections (voir Scolie de la Prop. 10 et, en outre, les Prop. 12, 13 et 14). Mais, pour mieux connaître cette puissance de l’Âme sur les affections, il faut noter avant tout que nous appelons grandes les affections quand nous comparons l’affection d’un homme avec celle d’un autre, et que nous voyons l’un dominé plus que l’autre par la même affection ; ou quand nous comparons entre elles les affections d’un seul et même homme et que nous le trouvons affecté ou ému par l’une plus que par l’autre. Car (Prop. 5, p. IV) la force d’une affection quelconque se définit par la puissance de la cause extérieure comparée à la nôtre. Or la puissance de l’Âme se définit par la connaissance seule, son impuissance ou sa passion par la seule privation de connaissance, c’est-à-dire s’estime par ce qui fait que les idées sont dites inadéquates, D’où suit que cette Âme est passive au plus haut point, dont des idées inadéquates constituent la plus grande partie, de façon que sa marque distinctive soit plutôt la passivité que l’activité qui est en elle ; et au contraire cette Âme est active au plus haut point