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ÉTHIQUE

des idées adéquates ; par suite, il n’a aucun concept de chose mauvaise (Coroll. de la Prop. 64) et conséquemment aussi (bien et mal étant corrélatifs) de chose bonne. C. Q. F. D.

SCOLIE

Que l’hypothèse de cette Proposition est fausse et ne peut se concevoir qu’autant qu’on considère la nature humaine seule, ou plutôt Dieu non en tant qu’il est infini mais en tant seulement qu’il est la cause pour quoi l’homme existe, cela est évident par la Proposition 4. C’est là avec d’autres vérités par nous déjà démontrées ce que Moïse paraît avoir voulu signifier dans cette histoire du premier homme. Il n’y conçoit en effet d’autre puissance de Dieu que celle qui lui sert à créer l’homme, c’est-à-dire une puissance pourvoyant uniquement à l’utilité de l’homme ; et suivant cette conception il raconte que Dieu a interdit à l’homme libre de manger [le fruit] de l’arbre de la connaissance du