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ÉTHIQUE

même trop peu de cas ; il peut arriver en effet que quelqu’un, considérant tristement sa faiblesse, imagine que tous le méprisent, et cela alors que les autres ne pensent à rien moins qu’à le mépriser. Un homme peut encore faire de lui-même trop peu de cas, si dans le temps présent il nie de lui-même quelque chose relativement au temps futur, duquel il est incertain ; comme lorsqu’on nie que l’on puisse rien concevoir de certain ou que l’on puisse désirer ou faire autre chose que du mauvais et du vilain. Nous pouvons dire ensuite que quelqu’un fait de lui-même trop peu de cas quand nous le voyons, par crainte excessive de la honte ne pas oser ce qu’osent ses pareils. Nous pouvons donc opposer à l’Orgueil cette affection que j’appellerai Mésestime de soi ; comme du Contentement de soi naît l’Orgueil en effet, la Mésestime de soi naît de l’Humilité et peut donc se définir ainsi :

XXIX

La Mésestime de soi consiste à faire de soi par Tristesse moins de cas qu’il n’est juste.