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ÉTHIQUE

à cet effort ; et tout l’effort de l’homme affecté de Tristesse tend à écarter la Tristesse. Mais (par la Déf. de la Tristesse) plus grande est la Tristesse, plus grande est la partie de la puissance d’agir de l’homme à laquelle elle s’oppose nécessairement ; donc plus grande est la Tristesse, plus grande est la puissance d’agir par laquelle l’homme s’efforce à son tour d’écarter la Tristesse ; c’est-à-dire (Scolie de la Prop. 9) plus grand est le Désir ou l’appétit par lequel il s’efforcera d’écarter la Tristesse. Ensuite, puisque la Joie (même Scolie de la Prop. 11) augmente ou seconde la puissance d’agir de l’homme, on démontre aisément par la même voie qu’un homme affecté d’une Joie ne désire rien d’autre que la conserver, et cela d’un Désir d’autant plus grand que la Joie sera plus grande. Enfin, puisque la Haine et l’Amour sont les affections mêmes de la Tristesse ou de la Joie, il suit de la même manière que l’effort, l’appétit, ou le Désir qui prend naissance d’une Haine ou d’un Amour, sera plus grand à proportion de la Haine et de l’Amour. C. Q. F. D.