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DE LA NATURE ET DE L’ORIGINE DE L’ÂME

connaître. On peut troisièmement objecter qu’une affirmation ne semble pas contenir plus de réalité qu’une autre ; c’est-à-dire nous ne semblons pas avoir besoin d’un pouvoir plus grand pour affirmer que ce qui est vrai est vrai, que pour affirmer que quelque chose qui est faux, est vrai ; tandis qu’au contraire nous percevons qu’une idée a plus de réalité ou de perfection qu’une autre ; autant les objets l’emportent les uns sur les autres, autant aussi leurs idées sont plus parfaites les unes que les autres ; par là encore une différence semble être établie entre la volonté et l’entendement. Quatrièmement on peut objecter que, si l’homme n’opère point par la liberté de sa volonté, qu’arrivera-t-il au cas qu’il soit en équilibre comme l’âne de Buridan ? Périra-t-il de faim et de soif ? Si je l’accorde, je paraîtrai concevoir un âne ou une figure d’homme inanimée, et non un homme ; si je le nie, c’est donc qu’il se déterminera lui-même et, conséquemment, a la faculté d’aller et de faire tout ce qu’il veut. Peut-être y a-t-il encore d’autres objections possibles ; comme, toutefois, je ne suis pas tenu d’insérer ici les rêveries de chacun, je ne prendrai soin de