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ÉTHIQUE

rées comme contingentes. Dieu, dit-on en effet, a le pouvoir de tout détruire et tout anéantir. On compare, en outre, très souvent la puissance de Dieu à celle des Rois. Mais nous avons réfuté cela dans les Corollaires 1 et 2 de la Proposition 32, partie I, et dans la Proposition 16, partie I, nous avons montré que Dieu agit par la même nécessité par laquelle il forme une idée de lui-même ; c’est-à-dire, de même qu’il suit de la nécessité de la nature divine (comme tous l’admettent d’une commune voix) que Dieu forme une idée de lui-même, il suit aussi avec la même nécessité que Dieu produise une infinité d’actions en une infinité de modes. En outre, nous avons montré, Proposition 34 de la partie I, que la puissance de Dieu n’est rien d’autre que l’essence active de Dieu ; il nous est donc aussi impossible de concevoir Dieu comme n’agissant pas que comme n’étant pas. De plus, s’il me plaisait de poursuivre, je pourrais montrer ici que cette puissance que le vulgaire attribue à Dieu par fiction, non seulement est celle d’un homme (ce qui fait voir que le vulgaire conçoit Dieu comme un homme