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réciproques de l’unité humaine et de l’agrégat humain, avec toute la précision que comporte la nature des phénomènes à étudier. Cette science devra considérer d’abord les types d’hommes qui forment des agrégats peu considérables et sans cohésion, et démontrer de quelle façon les qualités individuelles, intellectuelles et émotionnelles mettent obstacle aux progrès de l’agrégation. Elle expliquera comment de légères modifications de la nature individuelle, produites par un changement dans les conditions de la vie, rendent possibles des agrégats plus étendus. Elle étudiera dans les agrégats d’une certaine importance la genèse des relations sociales, régulatrices aussi bien qu’opératives, qui s’établissent entre leurs membres. Elle montrera ensuite comment, les parties continuant à se modifier sous l’action grandissante et prolongée des influences sociales, il en résultera une plus grande facilité d’agrégation, jointe à une plus grande complication de la structure du corps social. Enfin, dans les sociétés de tout ordre, depuis la plus rudimentaire et la plus barbare jusqu’à la plus grande et la plus civilisée, elle aura à établir quels sont les caractères communs à toutes et déterminés par les caractères communs à tous les hommes ; quels caractères moins généraux, propres à certains groupes de sociétés, résultent de caractères propres à certaines races d’hommes ; enfin quelles sont, dans chaque société, les particularités qu’il convient d’attribuer aux particularités de ses membres. Dans chacun de ces cas, elle aura pour matière la croissance, le développement, la structure et les fonctions de l’agrégat social, en tant que produits par l’action réciproque d’hommes dont la nature contient des traits communs à toute l’humanité, des traits particuliers à une race spéciale et des traits individuels.

En cherchant à expliquer le phénomène du développement social, il faudra naturellement tenir compte des conditions dans lesquelles est placée chaque société, c’est-à-dire de son milieu et de ses relations avec les sociétés voisines. C’est uniquement afin de prévenir les malentendus que nous faisons ces observations, car pour nous la question n’est pas de démontrer que telle ou telle vérité résulte de la science sociale, mais uniquement d’établir qu’étant donnés des hommes possédant certaines propriétés, un