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science, les croyances religieuses, la morale, les sentiments, les usages, les idées. Si l’on considère les trade-societies comme étant des parties de la nation, pourvues d’organisations qui sont des parties de l’organisation générale et faisant des actions qui modifient les actions de la nation et sont à leur tour modifiées par celles ci, on ne comprendra toute leur signification qu’à une condition : c’est de suivre leur genèse à travers une longue série de siècles, et d’étudier leurs transformations dans leurs rapports avec les changements qui se sont opérés simultanément dans tout l’organisme social. Et encore, nous nous trouverons alors en face d’une question plus profonde. — Comment se fait-il qu’il n’existe pas d’institutions analogues chez certains types de nations ? Et pourquoi, chez d’autres types de nations, les institutions analogues ont-elles pris une forme plus ou moins différente ?

Il est suffisamment évident que la plus haute intelligence actuellement existante ne pourrait pas voir exactement tels qu’ils sont des phénomènes aussi compliqués. Il n’est pas moins évident que d’ici longtemps bien peu de gens admettront l’existence d’une science de la Société ; puisque, non-seulement il y a presque toujours absence de facultés assez complexes pour comprendre les phénomènes complexes de cette science, mais encore, la plupart du temps, personne ne soupçonne même qu’il y a là des phénomènes complexes à comprendre.

À la difficulté causée par l’absence d’une faculté conceptive suffisamment complexe, vient s’en ajouter une autre provenant d’une insuffisance de plasticité dans la faculté conceptive. Presque tous les hommes ont formé leurs idées générales d’après des expériences recueillies dans un champ d’observation relativement étroit. Les idées générales ainsi conçues manquent infiniment trop de souplesse, pour se plier aisément aux combinaisons de faits si nombreuses et si variées que présente la sociologie. L’enfant de parents puritains a été élevé dans la persuasion qu’une infraction au repos du dimanche entraîne à sa suite tous les péchés possibles ; on lui en a fait voir plusieurs exemples dans le village ou dans la petite ville qui forme son univers ; plus tard,