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des découvertes récentes, jointes à un examen plus approfondi, ont amené à restreindre le domaine de la syphilis, bien loin de lui faire accorder une plus grande importance en tant que cause d’affections chroniques… quoique nous ayons rangé au nombre des affections syphilitiques caractérisées, certaines maladies appartenant à une variété autrefois non reconnue, nous avons exclu de cette catégorie un bien plus grand nombre de maladies qui passaient pour suspectes… Nous en sommes arrivés à reconnaître aux dents et à la physionomie, l’individu qui a reçu par voie d’hérédité une forte dose d’infection ; mais ceux qui croient le plus fermement à la valeur de ces symptômes, croient aussi qu’en Angleterre ils ne sont pas présentés par un individu sur 5,000 habitants[1]. »

Les chirurgiens du continent sont d’accord avec les nôtres. Il y a longtemps, Ambroise Paré déclarait « que la maladie devenait évidemment plus bénigne tous les jours » ; Auzias Turenne affirmait « qu’elle allait en s’affaiblissant dans toute l’Europe. » Astruc et Diday sont du même avis. L’autorité la plus récente, Lancereaux, dont l’ouvrage a été jugé si remarquable que la Société Sydenham l’a traduit, affirme ce qui suit :

« Dans ces cas, qui sont loin d’être rares, la syphilis n’est qu’une maladie avortée ; légère et bénigne, elle ne laisse derrière elle aucune trace fâcheuse de son passage. C’est un point dont on ne saurait surfaire l’importance. De nos jours surtout, en présence de l’effroi exagéré qu’inspire encore la syphilis, il faut qu’on sache que dans un grand nombre de cas cette maladie disparaît complètement après la cessation des éruptions cutanées, quelquefois même avec la lésion primitive[2]. »

  1. British Medical Journal, 20 août 1870. J’ai pris la précaution d’aller voir M. Hutchinson pour vérifier cet extrait, et pour lui demander ce qu’il entendait par forte dose. J’ai vu qu’il voulait simplement dire « discernable ». Il m’a expliqué comment il avait établi son calcul ; il s’y était pris de façon à exagérer le mal plutôt qu’à l’atténuer. J’ai aussi appris de lui que, dans la très-grande majorité des cas, les gens chez qui l’infection héréditaire est discernable passaient leur vie sans que leur santé en fût sensiblement altérée.
  2. Traité sur la Syphilis, par le Dr E. Lancereaux, vol. II, p. 120. —