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Boisrobert ou Scudéry avec les Maeterlinck, Regnier, Kahn, Verhaeren, Vielé-Griffin, Moréas, Merrill, Fort, Jammes, pour ne citer que les plus féconds ou les plus faits de nos poètes. Comme importance d’oeuvre, comme aspiration, comme invention, comme âme, comme métier, quels rapports possibles avec les plumes frisées ou cassées de ces bretteurs et de ces buveurs ! O beauté des rapprochements universitaires !…

Cette période de 1885 à 1905 est exactement correspondante à la période romantique de 1820 à 1840. Qu’on daigne donc comparer avec bonne foi l’ensemble — je ne parle point de la valeur particulière à chaque œuvre pour laquelle le temps est intervenu à l’actif comme au passif des romantiques — l’ensemble de la production poétique des deux périodes : on sera tout surpris et frappé que la plus féconde des deux, par la diversité comme par le nombre, est fort loin d’être celle qu’on pense. Il s’agit d’oeuvres poétiques pures, puisque c’est par le gros spectacle enfantin de son théâtre, comme nous l’avons vu, que le romantisme imposa son tapage plus que ses œuvres, et que, renouvelé un peu de comédie italienne à paillettes et grelots, on veut nous imposer encore. Hernani et NotreDame-de-Paris établirent seuls la fortune moins populaire que bruyante du romantisme, et cette fortune ne fut soutenue populairement que par les mélodrames de Frederick Lemaître et les romans de cape et d’épée du vieux Dumas. Cela est si vrai qu’en 1835, quinze ans après son premier vol lyrique (ses plus belles œuvres étaient à peine ou n’étaient pas écrites) on proclamait déjà le romantisme mort. Auguste Vacquerie le racontait en propres termes à M. Jules Huret :