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puisqu’elle l’agrandit. On n’en fit pas moins des symbolistes de simples religiosâtres, négateurs des beautés et des joies quotidiennes dont toutes leurs œuvres sont débordantes. Au surplus, le symbolisme n’accepta la servitude d’aucune doctrine. Chaque poète choisit l’armature morale ou philosophique qui lui convenait, la poésie, redisons-le toujours, n’étant pas dans cette armature. On ne cessa de l’affirmer : peine perdue ! tout symboliste était un mystique plus ou moins rosecroix, occultiste et déliquescent. M. GustaveKahn raconte à ce sujet dans ses Origines du Symbolisme, trop peu impersonnelles, une anecdote piquante : malgré une épigraphe de La Mettrie, le matérialiste pur, à un de ses livres de poèmes, des interviewers « conclurent que plein de mysticisme religieux, M. Kahn le prouvait en parant sa couverture d’une phrase de La Mettrie, éminemment religieuse et occultiste » l

Enfin les symbolistes étaient décadents, surtout parce qu’ils n’adoptaient pas les admirations de leurs aînés ou que des enthousiasmes communs n’avaient pas les mêmes causes…

Les Maîtres. — Ces aînés ne furent pas contents. De ce que nous élisions nos maîtres en dehors de l’étiquette, la légende s’établit de notre irrespect d’apaches. Jusque sous la coupole, les discours en retentirent avec clichés usuels sur la décadence.

La vérité est que, malgré notre haute admiration pour certains, parnassiens et naturalistes nous étouffèrent d’injures dès nos premiers livres, ou se tinrent dans une méconnaissance systématique de nos efforts. Ayant eu à lutter contre les injustices les plus grossières, on fut obligé d’armer de petits