Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

toute méthode scientifique dès qu’elle atteint nos œuvres et l’histoire de leur formation.

Ils se doivent à eux-mêmes de laisser des procédés insuffisants aux académiciens et aux journalistes, et de ne pas composer comme M. Brunot un glossaire « décadent » avec des échantillons uniques, très souvent ironiques, pris moins dans les œuvres qu’à travers n’importe quelles pages de revues, hâtives ou facétieuses.

C’est en effet la langue encore plus que la rythmique qui dans les recherches du symbolisme provoqua les incompréhensions stupides. L’obscurité de la langue établit définitivement le brevet des « décadents ». L’on sait que ce fut là encore une de ces nombreuses équivoques qui servirent à nous rabaisser. On se garda bien de dissiper toute confusion entre : i ° L’obscurité de la gestation ; 2° l’obscurité de l’impuissance ; y l’obscurité de tout art pour les esprits qui en sont éloignés. En réalité, la première seule était d’une attribution légitime. Toute période de fécondation paraît obscure, et elle l’est. Cette obscurité nécessaire, nous ne songeâmes point à la nier, et nous devons en rester glorieux, car — en la distinguant bien de la troisième — elle provient de ce grand travail de transformation (relatif, il va sans dire, et soumis quand même à la nature foncière de la langue), commandé impérieusement par l’expression poétique, de notre langue analytique en langue synthétique. Nous avons, partiellement, résolu le problème ; mais il ne pouvait l’être qu’avec de nombreux accrocs. Heureuses fautes !

On doit moins que sur le vers libre s’étendre sur cette question ; elle est presque vierge, et son examen obligerait à entrer