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en avertit récemment dans son Voyage de Sparte. Il dit au « cheval ailé » sur l’Acro-Corinthe : « … Où veux-tu courir ? Hors de toutes limites ? C’est courir au délire. Tu cherches ton propre songe. Tu veux, dis-tu, toujours plus d’azur. Il n’y a pas d’azur, il n’y a que notre amitié. » Entendez bien : « Il n’y a que notre amitié… » Cependant vous la dédaignez, puisque votre art est un art de volonté mentale qui volatilise la vie qu’elle domine, la vie dont le sens quotidien nous tient le plus au cœur, source de la plus haute poésie et des plus prenantes émotions.

Réponse. — Cela serait vrai si le symbolisme n’avait d’autre objet que d’ « incarner l’idée », que d’exprimer un idéalisme transcendant, que d’être, suivant le mot de M. Brunetière, « une métaphysique manifestée par des images ». Mais cet idéalisme volontaire est comme trempé chez nous par ce que j’appellerai le sensibilisme mystique, le sens de ce mystère quotidien qui compose la vie même et dont tant de nos vers sont émus.

Cliché IV. — Ce sensibilisme comme cet idéalisme demeurent dans l’exception ! Ils ne sont pas accessibles aux âmes simples. L’un comme l’autre s’éloignent trop de nous par leurs partis pris de généralité impersonnelle. Et il n’y a pas de poésie lyrique, humaine, vibrante, qui ne soit personnelle, qui ne cherche l’action directe.

Réponse.—Erreur, d’abord ! Plus une âme est simple, c’està-dire capable encore de s’entendre, plus le sens du « par delà » quotidien lui est inné, mieux elle goûte d’après Vigny,

La volupté des soirs et les biens du mystère. Puis admettons vos négations ;— le symbolisme est formé