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l’opposé du par delà symboliste, et que pour éterniser la vie, ils l’arrêtent là où nous la prolongeons. Le document, fût-il métaphorique, n’est pas plus de la poésie que le discours. La question est, si en effet toutes les formes mêlent sur quelques points l’ « éloquence », la « philosophie » et l’ « anecdote », qu’aucune de ces expressions, chacune ou tour à tour, ne les régisse en mode dominateur. Il faut en somme que le poème soit construit autrement qu’une harangue, une dissertation ou un récit. Or, jusqu’aux symbolistes, Il Ne L’avait Jamais été. Quelques vers, quelques strophes échappaient seuls au prosaïsme de la composition sous le poétique de la conception ; — des détails, pas un ensemble. Les poètes n’avaient jamais obéi que momentanément et inconsciemment à leur mode : l’idée lyrique, c’est-à-dire à cette fusion parfaite de l’idée et de l’image, qui sans dissociation possible, sans développement extérieur à la synthèse de l’unité première, devrait être le seul élément générateur du poème, et qui commande un ordre spontané dont le caractère suffit pour que l’éloquence et autres expressions restent sous-jacentes. Les poètes entendaient peu cet ordre, parce que leur pensée même, absente ou trop nue, était insuffisamment lyrique de ce qu’elle n’avait pas été pénétrée de l’idéalisme symbolique, qui en donnant le « par delà » ne l’abstrait point des choses comme il ne restreint pas les choses de leur pouvoir spirituel.

Cliché III. — Vous ne vous êtes pas contentés de dégager le mode poétique, vous l’avez épuré par une idéalisation excessive ; les choses dont vous prétendez ne pas vous abstraire se sont évanouies par l’abus de signification que le symbolisme en tire. M. Maurice Barrés qui est, avec M. Paul Adam à l’autre bout du symbolisme, votre romancier, vous