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Hugo pouvait, lui, de sa puissante main, briser tous les liens dans les« quels le vers est enfermé, et nous le rendre absolument libre, mâchant o seulement dans sa bouche écumante le frein d’or de la rime. » (Novembre 1886).

La constatation est sans doute pénible pour nos jeunes poètes, mais on n’y peut rien, c’est un fait : Le « vers libéré » est né en même temps que le « vers libre », le « vers libre » est une conséquence fatale du « vers libéré ». Cela rend difficile évidemment l’alliance de l’évolution et de l’Académie ; mais que faire contre un fait ? Rien, si ce n’est d’adopter les conclusions strictes de M. Sully-Prudhomme ou de reconnaître, en artiste sincère, toutes les conséquences des moyens qu’on emploie.

Les cris de mort ne suffisent pas encore heureusement à déterminer la mort même.

Veuillez agréer, etc..

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DÉVELOPPEMENT NATUREL

M. Alf. Jeanroy, parlant de l’ambiguïté du mot césure et de la pause qu’elle implique toujours pour certains, ajoute :

a Cette conception étroite de la césure est celle du Xvii » siècle, et non du moyen âge, et elle n’a pas peu contribué à rendre monotone la versification de quelques-uns de nos poètes classiques. La fixité de l’accent suffit à marquer le rythme du vers ; c’est le poète qui doit en répartir lui-même les repos suivant l’effet qu’il veut produire ; le plus mauvais service à lui rendre est de lui imposer une règle mécanique qui le dispense de toute réflexion. » (Les Origines de lapoésie lyrique en France, note de la page 352. 2’ édit., Paris, 1904. Champion, éd.).

M. Adolphe Retté.

M. Adolphe Retté a fait précéder ses paragraphes des lignes suivantes :

« Le vers libre devait ondoyer selon toutes les émotions du poète sans que nulle règle rigoureuse intervînt pour en entraver les mouvements.

« Cet idéal aurait pu se réaliser dans une langue où la cadence se serait marquée fortement par l’accent tonique. Mais Ce N’est Pas Le Cas Du Français (! !) « (Je souligne).

(L’on sait que cette erreur, née de fausses analogies avec le latin, est depuis longtemps réfutée, que le français a un accent tonique