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lourde. Tout polygraphe qu’il soit, notre clerc n’est pas de ces journalistes du boulevard qui ne connaissent rien du symbolisme dont ils parlent et de ses origines. 11 ne peut pas ignorer les trois revues qui en ont pour ainsi dire constitué les premières bases : La Vogue, (1886-1887) ; la Revue indépendante, (1886-1888) ; Les Entretiens politiques et littéraires, (1890-1893). Or, dans La Vogue et dans la Revue indépendante la préoccupation scientifique était incessante ; et l’on sait la part que les Entretiens donnèrent aux questions sociales, et avec quelle hardiesse dégagée. Quelques citations suffiront, je pense :

« … Ils ignorent les principes les plus simples de la chimie, de la zoologie, et peut-être bien ce qu’un commis-voyageur sait de la géographie. Voyez des revues sur la table d’un romancier ; jamais vous ne trouverez coupées les pages d’articles de vulgarisation scientifique (II). En un mot, ils ne savent rien des lois synthétiques de la nature, et toute une source de pensée et de poésie leur échappe. Quant à s’en occuper, ils croiraient qu’on les convie à écrire du Jules Verne I Les questions sociales les rebutent. Ils les classent, avec dégoût, sous le nom de cette « politique » dont les gens de bonne compagnie n’ont point à se mêler, et on les étonnerait fort en leur disant que cette politique n’a rien de commun avec la lutte des classes. Une paresse invincible les étreint, sauf lorsqu’il s’agit de discuter épithètes et syntaxe. Même de l’histoire des autres arts que le leur, ils ne savent pas grand’chose. C’est depuis peu de temps que les gens de lettres entendent suffisamment les principes de la musique et de la peinture : encore en parlent-ils souvent à la légère. »

Voir plus haut : « La génération symboliste a été… très