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leurs aînés immédiats comme les André Gide, Paul Fort, Francis Jammes, etc., ont fait œuvre profondément originale, tandis que les contempteurs Bouhélier, Gregh et autres Magre s’embourbent dans tous les recommencements, les ressassements, dans tous les fonds des vieilles impasses. Elle constate que pour avoir voulu réagir contre notre volonté d’art, que pour avoir voulu faire du lyrisme sans les bases primordiales, enfin entièrement dégagées par nous, de la poésie, on retombait dans tous les poncifs. — Ainsi des bouillants potages romantiques aux ressucées des fruits confits classiques, rien n’était changé au banquet des infortunés convives. — Elle en conclut que les larges principes symbolistes ont une force créatrice incomparable, que leur vitalité est le signe certain de leurs puissantes racines dans le passé comme de leur accord avec les besoins esthétiques du présent, et elle laisse à nos crieurs de la place publique, avec leurs faux gestes de « vie », de « joie », leurs hypocrites prospectus de soidisant « poésie nationale ».

Les Nationalités. — On se rappelle que le jeu des nationalités fut un des favoris de nos massacreurs. Les joueurs de boules qui, en littérature, se nomment « critiques » ne s’en privent jamais. Dès qu’ils aperçoivent la moindre petite ligne inégale ou qu’une image apporte quelque brume en leur esprit, ils tâchent de se distraire ; la partie commence, ils lancent le « cochonnet ». M. Auguste Dorchain, connu pour son amour des petites traditions qui sans doute lui vaudra bientôt le poste du regretté M. Pingard, s’est chargé plus particulièrement, depuis quelque temps, de cet office : il dénonce l’étranger. Cependant les poètes symbolistes n’ont pas eu encore