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Hélas ! oui, des réflexes, pas autre chose…

Ce n’est point que les plus flatteuses dédicaces de ces messieurs, les plus louangeuses lettres particulières à l’adresse des symbolistes ne composeraient avec les écrits publics en regard un édifiant et piquant recueil ; tout sera clair pour les chartistes de l’avenir…

En attendant, ceux qui s’étonnent de voir des cadets si mal profiter de tant de ressources vierges pour piétiner sur place en des contorsions d’arrivistes, peuvent découvrir la raison foncière de cette attitude comme de leurs injures : nous cherchons la vraie poésie, ce qui est insupportable, au fond, à la majorité des poètes eux-mêmes, et pour y atteindre, l’on sait que nous substituons à l’empirisme plus commode un idéal ardu, à l’idéal ancien de gloire personnelle dominant l’œuvre, l’idéal nouveau d’abdication personnelle devant l’œuvre.

Pour l’université, en effet, la poésie est un moyen de parvenir comme un autre. Le poète est celui qui « arrive ». Dans l’enseignement scolaire, on ne recherche pas les véritables créations d’un temps, mais des noms-clichés, des noms qui brillent comme des clous. Toute œuvre qui ne s’accroche pas à l’un de ces clous n’existe point.

De là, une alliance inconsciente à travers notre génération entre nos petits sauvages et les critiques journalistes ou professeurs. Par nous, l’idéal intéressé était en péril, celui qui ne s’inquiète pas de créer, c’est-à-dire de forcer l’humanité à approfondir et à étendre par ses découvertes le domaine de son existence, mais celui qui ne pense qu’à « plaire » dans le sens conformiste qui sous-entend la flatterie parce qu’elle