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machines-programmes à sonnettes et à trompes qui forçaient à la lecture des noms en grosses lettres sur de simples véhicules-réclames. — Nous avions écrit, un peu trop souvent peutêtre, Beauté avec un grand B ; ils s’empressèrent d’inscrire Vie avec un V gigantesque. —« La majesté (et aussi l’intimité, l’ironie même) des souffrances humaines » nous inspirait, comme les poètes de tous les siècles ; plus de larmes ! cela existe-t-il ? et « dressons à bras tendus lajoiE », suivant l’image de Verhaeren sur nos bateleurs. — Vous souffrez ? c’est que vous êtes des malades, seule la « santé » est digne de l’art. — Des parnassiens oubliés comme Léon Dierx étaient-ils encore nos maîtres pour ces poèmes lointains comme Les Filaos, La Nuit de Juin et Soir d’Octobre ? C’était un autre maître d’impasse qu’il fallait à la poésie, toujours le même borné batteur d’enclume, le forgeron pour tableaux vivants, Zola !— Le souffle légendaire des admirables transpositions wagnériennes avait remué en nous les profondes sources poétiques originelles : sus à l’étranger ! instaurons la poésie nationale !—L’idée que nous avions de gémir sur la bassesse ou sur la puérilité du théâtre n’était-elle pas folle ? et l’idée de nous jeter sur Ibsen pour nous consoler, grotesque ? Le prouvèrent les cadets en s’inclinant devant le mirifique dramaturge Edmond Rostand et ses spectacles. En vain le Journal des Débats, au lendemain de Cyrano, leur démontrait-il que ce succès de Gascon était du même ordre, à rebours, et avait la même portée que le triomphe de la Lucrèce de Ponsard, en 1842, ou que les pièces en vers de « l’Ecole du bon sens » ? Allons donc :n’était-ce pas le succès ! Nos cadets furent pour le « bon sens ».

Ainsi rien n’était plus curieux que de voir chacun de leurs gestes correspondre en purs réflexes à chacun de nos actes.