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que de son humanité. Or son humanité ne craint pas, parfois, d’être basse pour être profonde. A coup sûr, elle est poignante, triste. Avoir souvent rangé Jules Renard parmi les auteurs gais est presque une anomalie.

Mais la tonalité de son œuvre est d’un art souverain. Tandis que l’humanité quotidienne grimace, il montre ses pauvretés ou ses laideurs sur un fond de nature lyrique. Il a établi un divorce bizarre entre nos ridicules et les beautés de la terre. Il promène des infirmes par des jardins parés. Au milieu d’aventures grotesques, on rencontre de ces phrases : « Plus loin, il faisait envoler d’un peuplier une bande de chardonnerets et l’arbre semblait brusquement secouer des fleurs chantantes. »

L’humour spécial dont il vernit l’ensemble est de qualité rare, étrange d’ingéniosité : il semble qu’il tire la toile autant qu’il la lustre.

C’est ainsi que Jules Renard est notre petit maître hollandais : quelque Van Ostade ou Teniers