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cueillette des cerises et les navigations sur le lac, dans la barque du traiteur.

Ces souvenirs ont toute la grâce, toute la fraîcheur de l’enfance. Françoise se rappelle moins ce qu’elle a vu que ce qu’elle a senti. Pendant qu’elle raconte, le couvert a été mis ; nous nous asseyons au pied d’un arbre. Devant nous serpente la vallée de Sèvres, dont les maisons étagées s’appuient aux jardins et aux carrières du coteau ; de l’autre côté s’étend le parc de Saint-Cloud, avec ses magnifiques ombrages entrecoupés de prairies ; au-dessus s’ouvre le ciel comme un océan immense dans lequel naviguent les nuées ! Je regarde cette belle nature, et j’écoute ces bonnes vieilles filles ; j’admire et je m’intéresse ; le temps passe doucement sans que je m’en aperçoive.

Enfin le soleil baisse ; il faut songer au retour. Pendant que Madeleine et Françoise enlèvent le couvert, je descends à la manufacture pour savoir l’heure.

La fête est encore plus animée ; l’orchestre fait retentir ses éclats de trombone sous les acacias, je m’oublie quelques instants à regarder ; mais j’ai