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d’une longue et monotone réclusion ; ce sont des prisonnières du travail qui ont retrouvé, pour quelques heures, l’air et la liberté.

Enfin, le train s’arrête ; nous descendons. Je montre aux deux sœurs le sentier qui conduit jusqu’à Sèvres, entre le chemin de fer et les jardins ; elles partent en avant tandis que je m’informe des heures de retour.

Je les retrouve bientôt à la station suivante où elles se sont arrêtées devant le petit jardin du garde-barrière ; toutes deux sont déjà en conversation réglée avec l’employé qui bine ses plates-bandes et y trace des rayons pour les semis de fleurs. Il leur apprend que c’est l’époque où les herbes parasites sont le plus utilement sarclées, où l’on fait les boutures et les marcottes, où l’on sème les plantes annuelles, où l’on enlève les pucerons des rosiers. Madeleine a sur le rebord de sa croisée deux caisses où, faute d’air et de soleil, elle n’a jamais pu faire pousser que du cresson ; mais elle se persuade que, grâce à ces instructions, tout va prospérer désormais. Enfin le garde-barrière, qui sème une bordure de réséda, lui donne un reste de graines