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fond, vous trouvez une région inaccessible au mouvement et au bruit.

Pour ma part je campais au bord de cette région sans l’habiter véritablement. Placé en dehors des turbulences publiques, je vivais réfugié dans mon isolement, mais sans pouvoir détacher ma pensée de la lutte. J’en suivais de loin tous les incidents avec bonheur, ou avec angoisse ; je m’associais aux triomphes ou aux funérailles ! pour qui regarde et qui sait, le moyen de ne pas prendre part ! Il n’y a que l’ignorance qui peut rendre étranger à la vie extérieure ; l’égoïsme même ne suffit point pour cela.

Ces réflexions que je faisais à part moi, dans ma mansarde, étaient entrecoupées par tous les « actes domestiques » auxquels se livre forcément un célibataire qui n’a d’autre serviteur que sa bonne volonté. En poursuivant mes déductions, j’avais ciré mes bottes, brossé mon habit, noué ma cravate ; j’étais enfin arrivé à ce moment solennel où l’on se demande, comme Dieu après la création du monde, si l’on trouve cela bien.

Une grande résolution venait de m’arracher à mes