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superstition nous la représente, mais belle, souriante, couronnée d’étoiles ! Le doux fantôme s’est baissé vers la mendiante ; ses lèvres pâles ont murmuré de vagues paroles qui lui annoncent la fin de ses fatigues, une joie sereine, et la vieille mendiante, appuyée sur l’épaule de la grande libératrice, vient de passer, sans s’en apercevoir, de son dernier sommeil au sommeil sans fin.

Reste là, pauvre femme brisée, les feuilles des bois te serviront de linceul, la nuit répandra sur toi ses larmes de rosée, et les oiseaux chanteront doucement près de tes dépouilles. Ton apparition ici-bas n’aura pas laissé plus de traces que leur vol dans les airs ; ton nom y est déjà oublié, et le seul héritage que tu puisses transmettre est ce bâton d’épine oublié à tes pieds !

Eh bien ! quelqu’un le relèvera, quelque soldat de cette grande armée humaine dispersée par la misère ou le vice ; car tu n’es pas une exception, tu es un exemple, et, sous le soleil qui luit si doucement pour tous, au milieu de ces vignobles en fleurs, de ces blés mûrs, de ces villes opulentes, des générations entières souffrent et sa succèdent,