Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cette fois l’étonnement devient de l’admiration ; la petite famille n’a jamais assisté à un pareil festin ! On met le couvert, on s’asseoit, on mange ; c’est fête complète pour tous, et chacun y contribue pour sa part. Je n’avais apporté que le souper ; la cartonnière et ses enfants fournissent la joie.

Que d’éclats de rire sans motifs ! quelle confusion de demandes qui n’attendent point les réponses, de réponses qui ne correspondent à aucune demande ! La vieille femme elle-même partage la folle gaieté des petits ! J’ai toujours été frappé de la facilité avec laquelle le pauvre oubliait sa misère. Accoutumé à vivre du présent, il profite du plaisir dès qu’il se présente. Le riche, blasé par l’usage, se laisse gagner plus difficilement ; il lui faut le temps et toutes ses aises pour consentir à être heureux.

La soirée s’est passée comme un instant. La vieille femme m’a raconté sa vie, tantôt souriant, tantôt essuyant une larme. Perrine a chanté une ronde d’autrefois avec sa voix fraîche et enfantine. Henri, qui apporte des épreuves aux écrivains célèbres de l’époque, nous a dit ce qu’il en savait.