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que Dieu m’avait donné dans sa clémence, et qu’il m’a retiré, trop tôt, dans sa sévérité.

Quand mon père me parlait, ce n’était point seulement pour mettre en rapport nos deux esprits par un échange d’idées ; ses paroles renfermaient toujours un enseignement.

Non qu’il cherchât à me le faire sentir ! mon père craignait tout ce qui avait l’apparence d’une leçon. Il avait coutume de dire que la vertu pouvait se faire des amis passionnés, mais qu’elle ne prenait point d’écoliers : aussi ne songeait-il point à enseigner le bien ; il se contentait d’en semer les germes, certain que l’expérience les ferait éclore.

Combien de bon grain tombé ainsi dans un coin du cœur et longtemps oublié a tout à coup poussé sa tige et donné son épi ! Richesses mises en réserve à une époque d’ignorance, nous n’en connaissons la valeur que le jour où nous nous trouvons en avoir besoin !

Parmi les récits dont il animait nos promenades ou nos soirées, il en est un qui se représente maintenant à mon souvenir, sans doute parce