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vingt années, rompre des habitudes de cœur qui étaient devenues des besoins !

Parfois pourtant le ministre cède encore à d’anciennes faiblesses ; il reçoit ou visite ses amis à la dérobée ; il se renferme avec eux pour parler du temps où ils avaient le droit de s’aimer publiquement. À force de précautions, ils ont réussi à cacher jusqu’ici ce complot de l’amitié contre la politique ; mais tôt ou tard les journaux seront avertis et le dénonceront à la défiance du pays.

Car la haine, qu’elle soit déloyale ou de bonne foi, ne recule devant aucune accusation. Quelquefois même elle accepte le crime ! L’huissier m’a avoué que des avertissements avaient été donnés au ministre, qu’on lui avait fait craindre des vengeances meurtrières, et qu’il n’osait plus sortir à pied.

Puis, de confidence en confidence, j’ai su quelles sollicitations venaient égarer ou violenter son jugement ; comment il se trouvait fatalement conduit à des iniquités qu’il devait déplorer en lui-même. Trompé par la passion, séduit par les prières, ou forcé par le crédit, il laissait bien des